À la fin de l’été, alors que je m’y étais préparée au cas où ça arriverait et alors que je ne faisais rien de mal à personne, j’ai eu 40 ans.
Parce que je suis une meuf-cool-déconstruite, j’ai fait comme si ça ne me faisait rien du tout. Rien du tout du tout. « R » comme disent ceux que j’aurais pu mettre au monde tellement je suis vieille, rassie et sans avenir.
(ça va vous ?)
C’est un problème de riche d’être triste de vieillir. J’en suis consciente. D’ailleurs, ça ne fait pas de moi une lumière non plus. Je suis au courant qu’on ne va pas dans le bon sens depuis un bail. J’ai éternué suffisamment de fois en me pissant dessus pour savoir que je ne serais plus jamais cette fille qui a peur de mettre un tampon flux +++
Cet anniversaire m’a fichu un coup, j’avoue. Et même si mon entourage, dans sa grande bonté, s’évertue à me dire que je ne les fais pas (évidemment que je ne les fais pas, il manquerait plus, qu’en plus de les avoir, je les fasse.) Je n’arrive pas à croire que j’ai déjà fait la moitié du Chemin. Et si c’était la moitié la plus marrante ? Celle sans la maladie, sans la retraite avec 3 euros pour vivre, sans la mort des parents, sans les poils pubiens blancs, sans France 3.
Depuis que j’ai 40 ans, tout le monde autour de moi me dit que c’est le meilleur âge (le nouveau 30.) Ces gens-là ont généralement mille ans. Un peu comme les parents cernés au bout du roul’ à qui tu annonces que tu es enceinte « Oh, mais génial, tu vas voir c’est GÉNIAL hein chéri.e que c’est GÉNIAL ».
Je veux bien le croire et à bien des égards, je ne retournerais pas dans les années 90 (mes sourcils non plus), mais j’ai été élevée dans cette peur de la quarantaine. Je me souviens de ceux qui étaient vieux et qui portaient des 501 avec une ceinture et des chaussures en cuir. Je me souviens des Brushings à la laque de celles qui mettaient du fard à paupières bleu. Celleux qui buvaient de l’alcool et me parlaient en verlan en me disant CIMéR pour me faire rire en faisant un clin d’œil à mes parents hilares, eux aussi quarantenaires.
J’aurais tant aimé que « OK Boomer » existe à l’époque. Du coup nous on disait « vieux con ».
Je me souviens de la pièce « le démon de midi » de Michelle Bernier, je l’avais en VHS du coup, je la regardais souvent. Je me souviens des titrages « crise de la quarantaine : comment la surmonter ». Je me souviens de ma mère pleurant dans la cuisine parce qu’elle aimerait bien un autre bébé… mais elle pouvait plus (j’apprendrais plus tard que ça n’avait rien à voir avec les 40 ans.).
Aussi loin que remontent mes souvenirs, 40 ans sont associés au pire. Les papas partent pour des femmes plus jeunes, et ils redeviennent BG (d’où ?). Les mamans dépriment et se coupent les cheveux courts (parce que c’est pratique) et s’achètent un tailleur saumon (pourquoi ?). Et puis, tous les quarantenaires et plus, quand tu leur annonces ton âge : 8 ans/12 ans/16 ans/20 ans/30 ans/35 ans te répondent, nostalgiques, comme s’ils répondaient à une interview de Nikos Aliagas (the New Drucker) « t’es jeune -prend une pause le temps de tirer sur une cigarette imaginaire rapport à la loi Evin- profite »
Voilà comment on me vend les 40 ans depuis 40 ans. Du coup, normal que j’arrive en midlife, mid figue mid raisin. Les seules personnes qui m’ont vendu cet âge étaient celleux qui voulaient aussi me vendre une crème, un concept, une série.
Je tente depuis quelques mois de déconstruire ma vision des choses. Parce qu’il est hors de question que j’achète un tailleur saumon et parce qu’il me reste quelques dizaines d’années (j’espère) pour jouir, rigoler, manger et réaliser mes rêves.
Il est bien sûr hors de question que je joue à la mère dans le vent qui danse sur Lil Nas X avec son fils en mentant sur mon âge. Je suis déjà mariée avec un gars un peu jeune (il regardait les Pokémon quand je racontais mes lose sexuelles sur Caramail) je ne vais pas enfoncer le clou. Mais je vais surtout me foutre la paix et accepter d’enterrer ma jeunesse.
Quand j’ai passé mon permis la semaine dernière, face à l’examinatrice, j’avais 16 ans. Quand j’ai rassuré mon fils avant-hier sur ses amours, j’avais 60 ans.
Quand j’ai eu peur en faisant l’escape game de l’Hôtel de la rue Sedaine, j’avais 6 ans. Quand mon mari m’a embrassé dans le cou ce matin, j’avais 15 ans.
Quand j’ai fait ma mammo hier, j’avais 40 ans.
Quand j’ai félicité mon fils parce qu’il marchait seul dans la rue j’avais 1000 ans.
Et puis, à y regarder de plus près, mes meilleurs souvenirs ne sont pas très vieux (eux) et j’ai beaucoup de chance.
Coucou Navie, j'aurais pu écrire ces mots ! Team 1982 en force !😉
Gamine, je voyais les gens de 40 ans, comme des vieux, bien sûr depuis j'ai changé d'avis !
Avoir 40 ans c'est cool ! (je ne suis même pas sûre que l'on dise encore cool, bref !)
Je suis toujours celle que j'étais, sauf que j'ai plus d'expérience, mais je suis toujours aussi folle, drôle, en apprentissage, j'ai toujours cette envie de découvrir de nouvelles choses.
Je ne me mets pas de barrières, je vis toujours à fond comme je l'ai toujours fait.
Je profite de mes enfants, de mon mari, de mon chien, je vis tout simplement.
Il y a peu, on m'a découvert une boule au sein, je t avoue que pour le coup, 40 ans me paraissait beaucoup trop jeune.
En faisant la rétrospective de ces 40 ans, je me dis que j'en ai vécu des choses, bonnes comme mauvaises, et qu'elles m'ont façonnée, et j'ai hâte d'en vivre de nouvelles.
À nos 40 prochaines années !😘❤
Waouw a part pour le permis franchement c est ma vie que je viens de lire . Dans la tranche 40 depuis quelques semaines j ai eu aussi beaucoup de mal 😣 à franchir cette journée. Alors merci pour ce texte merci